c’est l’histoire d’une de mes séances en hypnose, une thérapie qui m’a bouleversée, qui a changé ma vie.
Contexte :
Lors de ma formation hypnose à Bordeaux, nous nous entraînions à pratiquer les diverses méthodes abordées en cours.
Ainsi lors d’un exercice de recadrage, je me suis prêtée au jeu de ce que l’on appelle « sujet ». Le sujet c’est la personne qui prend le rôle du patient.
La séance :
Je m’assoie paisiblement dans le canapé de notre salle commune, c’est notre espace de confort pour nos exercices.
Houria et moi avons décidé de travailler ensemble. Elle dégage une vibration très douce et apaisante, je me sens en confiance, et puis quand bien même, aujourd’hui je sens que quelque chose en moi est prêt, je me sens différente, plus sereine. J’ai même hâte de rentrer dans l’exercice et de m’évader un peu, de me reposer et de lâcher quelques valises bien remplies.
Houria me parle d’une voix paisible, et entame une grande inspiration, la synchronisation est limpide. Après quelques douces respirations, je rentre spontanément au plus profond de moi… enfin c’est ce que je pensais..
-Entre hypnose, réel et fantastique :
En mon intérieur se trouve une crypte magnifique, et magique, c’est mon espace, une source qui alimente mes ressources et mes énergies, mon repère, c’est beau, divin, somptueux ! Une grotte secrète, cachée au regard de tous, dans son antre, une gigantesque cascade mêlée dans la falaise, une falaise grandiose, verdoyante, aux pierres foncées, brillantes par les coulures d’eau.
La cascade se morfond avec force et douceur dans une étendue d’eau d’un bleu féérique, foncé d’une part par l’obscurité du lieu, et d’autre part clair à certains endroits, combien la lune reflétait et laissait sa lumière pénétrer jusqu’au fond de ce lac merveilleux. L’eau scintille à la réception des rayons de lumière, c’est une eau sans peur, d’une pureté qui m’appelle, je n’ai aucune crainte, je me sens entière et félicité dans cet endroit enchanteur, olympien, inouï.
Mais ce n’est pas là où je dois être, de l’extérieur Houria me dis de rejoindre le bord de mer, et comme par enchantement je me retrouve assise dans une petite crique dans les calanques, personne n’est là, aucun humain, aucun bruit d’enfants, je suis seule humaine face à ce paysage splendide qui me requinque à chaque voyage en Méditerranée.
Je suis heureuse de me retrouver face à cette mer délicieuse, à ma gauche il y a comme une forêt, une garrigue, mais bien plus verdoyante et charnue que les étés habituels.
En face de moi, la mer à perte de vue, calme et paisible déclinant son bleu intense, et légèrement sur ma gauche au loin, une grande colline couverte de végétaux s’étend au milieu de l’eau à l’image d’une île sauvage, sans aucune habitation.
A droite, se dessinent les falaises qui dominent le rivage, ces immenses rochers des calanques qui endurent au fil des siècles les caprices de la mer.
C’est dans cette crique, entourée des oeuvres de Gaïa, que je me sens en sécurité, la nature me réconforte, comme si cet espace disposé de cette manière me protégeait du monde environnant, des regards, afin que nul ne puisse trouver cette calanque, elle est fabuleuse, fascinante, secrète je crois… c’est mon secret.
Soudain, assise en tailleur au bord de l’eau, juste assez pour que Méditerranée me chatouille les pieds sans me mouiller complètement, je ressens une présence…
Ce n’est pas un humain, je le sens, avant même de tourner mon regard, je comprends, ce qu’elle est, cet animal…
Le Cerf apparait et se montre à moi, majestueux, à l’orée de la forêt de ces pins parasols si grand et élégants, des pins qui doivent être là depuis si longtemps, comme si l’on pouvait depuis leur cime apercevoir tout le bassin et l’horizon. Peut-être y toucher les étoiles ?
Le cerf, grand, élancé, majestueux, dégage une aura de puissance et de protection, il est le maître de ces bois, le maître de ces lieux, de cette crique. Mais étonnamment, lorsque nos regards se croisent, je sens comme une bienveillance qui se dégage de cette connexion. Une magie que je ne connais pas encore, un lien fort et puissant, comme de vieux amis, comme un reflet qui vient de retrouver son miroir d’antan. Il s’approche délicatement, en confiance totale, je ne bouge pas, je suis là, à l’attendre assise au bord de l’eau.
Quand quelque chose attire mon regard à l’horizon, j’observe et j’attend, le Cerf doit faire de même car je ressens son regard se poser au même point que le mien. Comme par enchantement – et pourtant dans ce voyage tout me paraît fluide, logique et limpide – la Sirène se profile devant moi à quelques mètres de la plage, portée par la puissance de Méditerranée.
Face à face, nos regards discutent dans un silence naturel et profond, elle me tends la main, me fait comprendre qu’elle m’attend et que je dois partir avec elle – pourtant j’ai si peur des océans … -, je me tourne vers mon Cerf, et comme s’il avait lu en ce moment, s’approche au plus près de moi, incline sa tête tel un signal de départ, un accord, comme si je devais y aller, que je pouvais voyager avec cette Sirène sans crainte.
Toujours assise au bord de l’eau, « mon âme » se détache de ce corps paisiblement installé; au milieu de cette crique, où le temps n’existe plus, où le monde est si calme, tranquille; et se dirige en un mouvement fluide vers la sirène.
Avant de quitter la terre, je nous regarde, mon cerf et cette autre partie de moi, il l’a pressentit, ou par choix, s’assoit à côté de mon corps resté assis là, dans les bras de la mer, dans le berceau des calanques, pour me protéger pendant que « mon âme » par faire ce nouveau voyage.
Je n’ai aucune peur, pas même de l’océan, nous plongeons. Elle est belle, radieuse, sa queue d’un bleu vert sans pareil contraste avec la couleur de ses cheveux rouges et de son corps couleur pastel, d’un beige rose très clair, très doux, très pur. Une beauté sans égal se dégage de son aura puissante et magique.
Mon âme se faufile à ses côtés comme si elle connaissait depuis toujours les fonds marins, comme un voile blanc bougeant au même rythme que les battements de cette déesse aquatique dans les profondeurs de l’eau.
C’est le moment de plonger plus bas encore, j’ai confiance, en quoi ? En qui ? Je ne sais pas, je ne cherche pas à savoir, j’y vais.
C’est drôle, je me sens bien, les fonds marins ne sont pas lumineux certes, mais clairs, d’un turquoise aux dégradés de verts et de bleus qui me laissent apprécier toute leur beauté, les poissons, les coraux , les blocs de roche qui se sont détachés des falaises, les vestiges de traces humaine sur terre que personne n’a apparemment jamais découvert, comme si aucun homme n’avait jamais plongé dans ces eaux profondes. – Peut-être est-ce le cas … – , en levant la tête vers le plafond de l’eau, le soleil brille toujours, égal à lui même, ses rayons transpercent la mer jusqu’en profondeur.
C’est beau et délicat. Apaisée et confiante, je continue de naviguer avec cette déesse des eaux.
Arrivées à destination, je découvre une ville sous marine, une bulle de protection l’englobe de toute part, dans les souvenirs de ma pleine conscience, elle me rappelle l’Atlantide, cet empire perdu que personne n’a jamais retrouvé – Serait-ce donc là, ici sous mes yeux ?
Nous entrons dans ce paradis perdu, c’est beau, calme, silencieux, un peu sombre et clair à la fois, comme si une partie était plus en profondeur, que le soleil n’avait pas assez de rayonnement pour tout éclairer. En avançant dans cette cité, j’apprivoise de nouveaux paysages, des paysages qui étrangement ne me semblent pas inconnus, comme si j’étais déjà venue ici, il y a longtemps.. , un rêve ?
La sirène, aux cheveux rouges virevoltant à la manière d’une enveloppe charnelle autour de son corps féerique, toujours près de moi, me guide, me présente sa cité, son univers, ses fonds marins, elle est fière de m’emmener dans cet espace maritime.
Charmée par cette Atlantide, je l’écoute, je découvre bouche bée par son magnétisme et sa prestance… – Hypnotique ? – Elle me demande de la suivre, elle a quelque chose à me montrer.
Sur notre gauche, nous avançons en direction d’une grotte, et me dit d’y entrer, la Sirène ne m’accompagnera pas, elle m’attendra là.
Je me dirige sans nulle réflexion, attirée en direction de cette niche, quelque chose m’appelle de l’intérieur, comme si mon coeur était aimanté à cette crypte. En un instant, je me retrouve happée en son centre pour y découvrir MON INTERIEUR ! C’est chez moi, mon antre secret, c’est ici ! Je viens de déceler le véritable passage qui mène à cet espace au milieu des fonds marins, à l’intérieur de moi !
C’est exactement comme toute à l’heure avant ce départ pour la crique. La cascade, le lac, la lumière qui scintille sur l’eau, la végétation sur la falaise la douceur et le chant de l’eau … tout y est et … plus encore.
Sur gauche, je distingue un rideau magique – je ne saurais donner d’autres mots pour le décrire – il est là, semblable à une étoffe légèrement tirée sur les côtés bas laissant entrevoir uniquement le sol, façonné de pétales de feuilles scintillantes, de gouttelettes d’eau dans le suivi de sa forme, et derrière, c’est d’un blanc écarlate, brillant !
Attirée par cette lumière je m’avance dans cet espace que je n’avais encore jamais vu, jamais découvert. Une enclave dans cette crypte retient un immense coeur battant au rythme de la vie, comme s’il était le coeur de cet endroit. Combien chacun de ses battement était le circuit énergétique de cette lumière circulant en tout point, et se nourrissant à son tour de cette magie environnante.
Subitement, le coeur dégage une lumière jaune, orangé, rouge, la chaleur monte d’un cran, je comprends alors que c’est un feu qu’il dégage, sans que ce coeur ne soit nullement perturbé, il attise cet incendie de plus en plus fort, des pinceaux d’artistes, des objets, des souvenirs, des livres apparaissent, tant de choses que j’aime tant provenant de mon monde réel viennent dans cette enclave, le coeur s’agrandit à une vitesse folle, le feu devient de plus en plus puissant, – je ne veux pas que les livres brûles, pas les livres ! – Et pourtant quelque chose à l’intérieur de moi me fait comprendre que je dois lâcher prise, je ne doit pas contrôler, – ne résistes pas -, c’est le moment, quelque chose me murmure « ai confiance », « laisse brûler »
A cet instant, je me détends, et j’observe à une allure inimaginable, cet incendie avaler tout ce qui l’entoure, en moins de 10 secondes, tout à brûlé, y compris la cascade, l’eau, les falaises : la grotte toute entière a disparue !
Pendant un moment je reste là, sans peur, sans crainte, sans rien, au beau milieu de nulle part, néant, vide, ça n’a aucune couleur, peut être claire, je ne sais pas, – il est peut être l’heure de partir ? -.
Mais, en face de moi, à la hauteur de mon regard, une fleur pousse, elle a une toute petite tige verte, lorsqu’elle commence à s’ouvrir elle me dévoile ses grosses pétales démesurées pour son corps, des pétales d’un rose sublime se dégradant vers un sommet en pointe de couleur blanche, elle a la forme d’un lotus, avec des pétales bien plus rondes et volumineuses sur le bas. Une fois ouverte, une boule de lumière jaillit, éblouissant tout le vide autour de moi, puis de cette lumière une nouvelle fleur, une nouvelle lumière, puis une nouvelle fleur et ainsi de suite. C’est ainsi que mon monde était en train de se reconstruire.
Une main apparait derrière ce paysage – serais-ce ma main ? – elle porte une boule de lumière si forte que j’en suis éblouie – je me rappelle que même dans le monde réel j’avais l’impression d’avoir un flash planté devant les yeux -. C’est somptueux à observer, je laisse mon monde intérieur se développer à la manière du phénix qui renaît de ses cendres. Et je sors de cet espace.
A l’endroit même où je l’ai laissée toute à l’heure la sirène m’attends avec un immense sourire, elle est radieuse, splendide, quelque chose en elle a changé, je m’aperçois que derrière elle la cité est éclairée, que la vie a repris, c’est si lumineux !
Il n’y plus besoin des rayons du soleil pour tenter d’éclairer cette Atlantide, la lumière se diffuse par ne je ne sais quel moyen, d’une puissance indescriptible ! Tant flamboyant, que j’en suis éblouie, j’ai du mal à tout distinguer pour le moment. – Dans le monde réel quelqu’un s’assoit et regarde Houria et moi en séance, j’entends au loin le grincement de la chaise – comme c’est curieux de voir qu’à ce même instant « l‘empereur » de la cité s’approcher, et nous saluer sa déesse et moi par un immense sourire de bénédiction.
C’est le moment de partir, la sirène me ramène à ma crique, cette calanque où une partie de moi attend mon retour. Vu du ciel, « mon âme » navigue au même rythme rapide et fluide qu’elle, INCROYABLE ! Sa queue… est devenue blanche et lumineuse ! Déesse des océans devenue « être de lumière ».
Arrivées au rivage, je réintègre tout en douceur mon « moi » restée là au bord de la crique, en compagnie de mon cerf, la sirène s’approche près de « moi » et de « mon âme » unifiées.
Elle me prend dans ses bras et tout en restant proche, me montre les trésors ramenés de l’Atlantide, de droite à gauche entre mes deux mains, flottent : un vieux grimoire en cuir « terre d’ombre » surmonté d’une pierre grise bleutée qui doit être une labradorite, un médaillon, celui de Mamé ce pendentif horloge en or qu’elle m’a offert il y a longtemps, puis un symbole, un magnifique pentagramme, ce fameux symbole que j’attends depuis si longtemps…
Je prends le temps de visualiser et savourer ce somptueux trésor, c’est magique, je n’aurais pu rêver mieux !
A cet instant, le symbole se met à flotter un peu plus en hauteur au dessus de mes mains, la queue de la sirène se dessine dans un contour, tel un dessin à l’encre de chine, et sous le regard de cette dernière, rayonnante, le symbole accompagné de l’esquisse, viennent se poser en douceur sur mon bras gauche s’incrustant en ma peau pour que je puisse garder à jamais en moi cette « renaissance ».
C’est son offrande, ce dernier trésor qu’elle a rapporté pour moi…
Heureuses, mains dans la main, c’est difficile de se quitter, mais je le sens ce n’est pas un adieu, une nouvelle vie m’attends, quelque chose de nouveau arrive, mon quotidien vient de changer, je dois retrouver à ce moment mon monde réel, ils m’appellent…
Houria me demande de reprendre conscience de mon corps, en un regard nous nous séparons avec une gratitude infinie…
retour et explication :
Ce « voyage » s’est déroulé dans le cadre d’une séance de recadrage métaphorique afin de travailler sur des troubles que je voulais supprimer. Le recadrage métaphorique est une séance où le consultant est mis en état d’hypnose pour aller modifier des comportements instinctifs et indésirables.
Pour cette méthode nous utilisons la métaphore afin d’induire plus facilement ce que l’on appelle une « dissociation ».
Dissocier le patient, c’est en état d’hypnose toujours, lui demander de pouvoir s’observer à la troisième personne. Ainsi il est plus facile de travailler sur l’autre partie, que sur soi-même. C’est donc la dissociation qui part faire le chemin pour aller récupérer des nouveaux comportements instinctifs positifs. Lors du recadrage métaphorique ces comportements peuvent prendre l’apparence de multiples formes possibles.
A la fin de cette séance j’ai compris que ces nouveaux comportements étaient bien acquis et sains pour moi, sans que je sache réellement ce qu’ils signifient consciemment.
Me faire tatouer ce que j’avais vécu en dissociation a été pour moi une évidence, car le trouble que je travaillais était un véritable poids au quotidien. Je sentais que j’avais besoin de plus que cette séance. L’hypnose avec Houria m’a permis de comprendre et de prendre conscience de la nécessité de ce changement. Mais le point clé de cette thérapie a été pour moi de l’encrer comme un véritable guide au quotidien, un appui sur lequel je pouvais compter chaque jour en posant mon regard dessus.
Et c’est ainsi que je me suis ancré par l’encrage mon tout premier tatouage totem.
Julie Moreira
Thanks for the good article, I hope you continue to work as well.